DAWSON – PELLY
Le matin, je constate que Beaver n’a pas son entrain habituel. Je demande à la vétérinaire de l’examiner. Il a de la température. Elle me dit qu’il a dû attraper un petit virus. Je le confie à mes handlers car je ne veux pas prendre le risque que Beaver se sente plus mal.
Avant de partir, un officiel vient me demander si je veux partir quand même, malgré que la cabane de Scroggie et celle de Stepping stone seront fermées et sans vétérinaire et sans possibilité de laisser un chien blessé. Il m’explique aussi que les points de contrôle de Pelly Crossing, Carmacks et Braeburn seront fermés. Je pourrai néanmoins récupérer mes sacs de ravitaillement. La question ne se pose même pas car j’ai encore 12 chiens en forme.
Peu après la sortie de Dawson, nous commençons à monter tranquillement en direction de King Salomon. La température est plutôt douce. Mon traîneau est énormément chargé pour cette longue étape. C’est long. Au sommet, il n’y a plus que quelques arbres rabougris. Le vent a soufflé, mais on voit encore la piste. C’est en devers et je n’arrive pas toujours à contrebalancer mon gros chargement de 100kg avec mon poids de 50 kg. Je dérape quelquefois et dois décharger mon traîneau pour le remettre sur la piste.
Après le King, nous nous attaquons aux Black Hills. C’est vrai que c’est pire car on ne voit pas le bout, des collines et encore des collines. Lors de la première descente, je constate qu’Atlin boîte. Après vérification, il a une petite douleur à l’épaule. Je décide de l’embarquer dans le traîneau. Il s’y installe confortablement. Je vais le charrier pour les 300 km restants jusqu’à Pelly Crossing. Avec le recul, je suis contente car sa blessure était mineure et il n’a eu aucune séquelle. Sur le moment, je dois m’adapter à ce poids supplémentaire non négligeable. C’est pénible dans les montées. Je dois faire attention sur les overflows, les glacis et les endroits techniques. Il ne faut pas que je renverse mon traîneau.
Après des heures dans les Black Hills, je prends une pause en plein soleil et en pleine chaleur. Je vais attendre que la température fraîchisse pour continuer. Come d’habitude, je suis seule au milieu de nulle part. Tout à coup, j’entends le bruit d’un moteur de motoneige!
C’est le photographe que j’ai déjà vu à la sortie de Circle. Il est inquiet pour moi et Michael car en bas les Black Hills nous suivons une ligne de trappe. Un lynx est pris dans un piège et se trouve au milieu de la piste. Que va-t-il se passer avec nos attelages ? Il me précise qu’il a signalé l’endroit avec des branches. Il dit aussi que la cabane de Scroggie est ouverte et que les gens nous attendent, Michael et moi. Voilà au moins une bonne nouvelle.
Je repars en pensant au lynx. Il est pris par une patte. Un lynx paniqué et furieux peut être capable de griffer ou mordre méchamment un chien. Surtout si l’attelage se jette dessus.
En descendant les Black hills, je constate que c’est assez raide. J’imagine que dans l’autre sens cette montée doit être longue et pénible. En bas, la piste passe près de chantiers de mines. C’est assez sinistre. Puis, nous arrivons sur la piste du trappeur. Je suis inquiète et je surveille les branches avec attention. Tout à coup, je la vois, mais les chiens ont accéléré avant que j’aie le temps de réagir. Le lynx est sur le bord du chemin. Il nous voit et essaie de sauter en dehors de la piste. Quelle bonne idée. Au même moment, je donne l’ordre à M. X de foncer en avant. Ce chat ne l’inspire pas du tout et il fonce tête baissée droit devant lui en évitant le lynx. Ouf!
Merci M. X.
Le motoneigiste m’a dit que La cabane de Scroggie n’est pas loin. Il doit rester environ 12 km. Nous continuons sur la piste dans la forêt puis nous embarquons sur la rivière Stewart. C’est au moment du coucher du soleil et je me régale d’un magnifique paysage.
J’arrive de nuit à la cabane et j ai failli la manquer. Je crois que c’est ce qui est arrivé à Michael, le musher qui est derrière moi. Tout à l’air calme et désert. Mais comme je vois des motoneiges, j’imagine que les gardiens sont encore là. Il fait froid et humide. J’ai de la paille et il y en a beaucoup ici. J’installe les chiens et m’occupent d’eux.
Trois personnes sont installées dans la cabane, le couple de gardiens et un Allemand. Il me dit avoir participé à l’Arctic Ultra. C’est une course à pied ou à vélo ou à ski sur la piste de la Yukon Quest, quelques jours après. Les conditions sont souvent difficiles. Nous les mushers, nous sommes équipés contre le froid et nous avons de l’équipement dans notre traîneau en cas de pépin. Les gardiens me préparent à manger et m’offre un matelas. J’apprécie beaucoup leur accueil et le fait qu’ils nous aient attendus, Michael et moi.
Je prends quelques heures de repos. Avant de partir, je demande l’état de la piste. Quelques glacis, autrement, rien de spécial. D’abord, on longe la rivière Scroggie, ensuite, c’est de nouveau la montée pendant la première partie du trajet, puis cela redescend lentement. Il nous reste 113 km jusqu’à Stepping Stone qui se trouve près de la rivière Pelly.
Après quelques heures de montée, je pense que nous ne sommes pas loin du sommet car les arbres se raréfient. Soudainement, les chiens accélèrent. Il semble motivés par un gibier…Un magnifique loup gris traverse la piste! Moi aussi, cela me réveille! Quel beau spectacle!
Je prends une pause et fais un petit feu. Les loups, j’adore, mais la piste est pleine de traces. Ils ont visiblement suivi la piste pour ramasser les innombrables restes laissés par les autres mushers. J’aimerais mieux que cette meute ne me suive pas trop longtemps!
La descente sur Stepping est longue, mais cela passe assez vite. Là encore, il y a de nombreuses traces d’animaux, surtout d’orignal. Les chiens ont la truffe collée sur la piste. Bandit plonge dans la neige et ressort avec un jarret d’orignal! Arrêt d’urgence! L’objet est confisqué pour éviter les jalousies et les chicanes.
Après la descente, je vois des bâtisses. Je connais cet endroit. Ce n’est pas loin de Pelly Farm. Nous arrivons sur la rivière et finalement à la cabane de Stepping Stone. L’accueil est toujours aussi chaleureux. Là aussi, j’apprécie grandement qu’ils nous aient attendus. Carole, la propriétaire a hâte de voir les chiens de l’attelage de l’Inuit Russe. On me prépare de l’eau pour les chiens et de la lasagne pour moi. Après ce repos, je repars de nuit sur la rivière Pelly. Il reste 50 km jusqu’au village de Pelly Crossing. Je garde un mauvais souvenir de cette rivière pleine de blocs de glace. Cette année, ce n’est pas si pire. Une bonne partie de la rivière est plate. Il se met à neiger. Dans le faisceau de la lampe frontale, je ne distingue plus grand-chose. Les traces s’estompent petit à petit. Pendant au moins 20 km, j’admire Mr. X qui suit parfaitement la piste, même invisible. Finalement, la neige cesse et la piste réapparaît. Le jour se lève. Je connais bien les environs de Pelly Crossing et cela me motive. Je repère mon camion orange de loin! Françoise et Sophie m’accueille! Cela fait plaisir! Je suis contente d’être là. Les grosses étapes et les grosses difficultés sont maintenant derrière nous. Le centre communautaire est ouvert. Je peux prendre de l’eau pour les chiens, utiliser la cuisine et me reposer.
Je vais pouvoir déposer Atlin. Après ses 300 km dans le traîneau, il ne semble pas trop fatigué. Je vais aussi déposer Carmack. Il a eu la diarrhée. Il a besoin de plus de repos.
Le contrôle en arrivant à Dawson. The check in, in Dawson.
King Salomon.
Atlin and my loaded sled. Atlin dans mon traîneau chargé.
Overflow.
Pelly Crossing avec un sac de bouffe pour les chiens.
Pelly Crossing with dog food.
Je nourris l'équipe. I feed the dogs.
Pluton.
Baïkal.
Arkell.
L'équipe au repos. My team resting.
Nous repartons de Pelly. We are leaving Pelly.
DAWSON –PELLY.
Next morning, I notice that Beaver is not as happy than usual. I ask to the veterinary to check him. He has temperature. He probably caught a virus. I decide to let him here to my handlers.
Before I start, a race official asks me if I want still go because the dog drops will be closed, Scroggie cabin and Stepping Stone cabin will be closed when I will arrive and the check points, like Pelly and Carmacks will be closed. My dog food and other gears will be available in check points, but the veterinaries will not be there anymore. I still have 12 good dogs. I have no reason to scratch.
Not far after Dawson, the climb to King Salomon begins. The temperature is warm and my sled is heavily loaded. We move slowly. On top, the trees are scarces and scrubby. The wind was blowing and packed the snow. The trail is slanting down. It is not easy for my 115 pounds to balance my sled waiting more than 200 pounds. Sometimes, the sled fall down and I have to empty it, to put it again on the trail and to pack again.
After The King, we attempt the climb of the Black Hills. That’s true that is more difficult. It is less steep, but we climb one hill after another one. It seems endless.
During the first downhill, Atlin is limping. I check. His shoulder is painful. I decide to take him on my sled. He finds a comfortable spot and looks happy. I will carry him for 300 km. It is considerable with a so heavy sled, but, with hindsight, I am happy to have done it. His pain didn’t become worse and he recovered well. But right now, I have to deal with. It slowing us in up hills and I have to take more care and to avoid overturn in down hills, sharp turns, glaciers and overflows.
After hours in the Black Hills, we take a rest. It’s sunny and warm. We are alone in the middle of nowhere as usual. Suddenly, I hear a snowmobile noise. Effectively, after a while, a snowmobile arrives. I think that it should be a trapper. No, the snowmobiler is the photograph I saw when we left Circle. He asks permission to take picture and explain me that down the hills, in the trap line, he saw a lynx caught in a trap in the middle of the trail. He is very worry about the meeting between this cat and the dogs. Me too!!! He tells me that he put a branch across the trail as a sign. He tells me that Scroggie cabin is open. They are waiting for my team and for the Russian Inuit team. This is a good new.
We go on. I am thinking about the lynx. He should be caught in the trap by one of his front leg. With the other, he should injure a dog if the team would be too close. I already saw a panicked cat in a veterinary clinic, it was not fun...
We go down the Black Hills. I realise how steep it is. It should be hard in the other way, Whitehorse-Dawson, too. Down in the valley, we are going through mine sites. It’s bleak.
We arrive in the trap line. I am quite nervous. After a while, I see the branch. At the same time, the dogs accelerate suddenly so strongly that I cannot brake. The lynx is here, but he jumps near the forest when he sees us. Good idea. I have only one alternative. It is to order to the dogs to go ahead. Mr. X, my leader, doesn’t like this situation. He runs away very fast carrying away all the team avoiding the lynx. Thank you, Mr. X !
After the trap line, we arrive on Stewart River. It is the sunset. I admire the beautiful colors.
It’s dark when we arrive at the cabin. It is so quiet! I am not sure if it is still open but I see snowmobiles. It means that somebody is here. It is cold and damp. I have straw and I find a lot here, so the dogs will be comfortable to take their rest.
3 people are in the cabin, a couple, the cabin owners and a German guy. He told me that he already ran the Arctic Ultra. This is a tough long distance race by ski or foot or bicycle on the Yukon Quest trail a few days after the race. They usually have harsh weather conditions and ourselves, the mushers, we can take enough gear to be comfortable. The owners prepare food for me and lend me a mattress. I appreciate a lot and also because they have waited for me and Michael. I stay a few hours.
Before leaving, I ask about the trail. It is quite good, maybe some overflows and glaciers. The first part of the trail follows the Scroggie River, then the trail is up hill again for half way, then downhill. Before the cabin, we arrive on the Pelly River. It is a 113 km run to Stepping stone.
After a few hours we arrive near the top. Suddenly, the team speed up. I am thinking about a rabbit as I saw so many tracks, but it’s a wolf, a beautiful grey wolf. What’s an amazing sight!
It’s time for a break. I decide to make a little fire. I love wolves, but if they are on the trail now, it is because they follow the Yukon Quest teams. They leave an incredible amount of dog food and snacks on the trail. I appreciate if this wolf pack is not too near of me.
The way down to Stepping Stone is long, but I don’t feel it. It is a beautiful forest with so many animal tracks. Suddenly, Bandit takes a dive into the snow. He emerges with a moose hock! I have to jump on it and steel that because the other team mates are quite jealous. I don’t want a fight here.
After the downhill, I see cabins. I know that we are not far from Pelly Farm. We arrive on the river and finally, at Stepping Stone.
Here, they are still so welcoming. I also appreciate that they wait for us! Carole, the owner can’t wait to see the Inuit team. I can get water for the dogs. I give them some straw for bedding and a good meal. Carole cooked delicious lasagna. I eat and take a short rest.
Then I pack again and put Atlin into the sled. It is the night when I start on the Pelly River. I have a bad memory of the river about the jumbled ice, but this year, it is not so bad. It’s snowing. After a while, I don’t see anything, no tracks, nothing. During about 20 km, I admire Mr. X following perfectly the trail even that he doesn’t see it. Then, it stops snowing and I can see again. It’s sunrise. I approach Pelly Crossing. I am motivated. I can see my orange truck from far away!
Françoise and Sophie welcome us. We are happy to arrive. Now, the big stages and the big difficulties are behind. The community center is open. I can get some water for the dogs and I can prepare food for me. We take a rest.
I drop Atlin here. He doesn’t look too tired after 300 km into the sled. I drop also Carmack. He got a diarrhea. He needs more rest to recover.